Comment mon ex-femme a réussi à m’empêcher d’approcher mes enfants

deux petites filles dans les bras de leur papa

Ingénieur en informatique, Nicolas* a 40 ans. Depuis plusieurs mois, son ex-femme refuse tout contact entre lui et ses filles, malgré les jugements. 

Broyé par le système judiciaire et l’acharnement de celle qu’il aimait, il raconte son histoire, comme on jetterait une bouteille à la mer. 

* Le prénom a été modifié

Exclusion parentale : le témoignage de Nicolas

Mon histoire commence classiquement. C’est celle d’un couple qui s’aime et décide de se marier puis d’avoir des enfants, malgré quelques difficultés de communication. 

Comme de nombreux couples, nous avons dû faire face à l’infertilité. 6 tentatives infructueuses de Procréation Médicalement Assistée dit et 2 opérations des varicocèles (varices dans les parties génitales) plus tard, ma première fille voit le jour en 2012 suivie de sa sœur 1 an plus tard. 

La naissance de nos enfants signe alors la fin de notre « couple conjugal » au profit exclusif du « couple parental ». Une forme de pression s’empare de nous. Nous voulions devenir des parents parfaits. De ceux qui tiennent un cahier des horaires et des quantités des biberons et demandent au voisin du bout de la rue d’éteindre son barbecue pour ne pas gêner la sieste des enfants. 

Cette soif de perfection nous a rendus littéralement malades au point où mon ex-femme s’est fait hospitaliser pour une dépression post-partum.

« Nous étions des parents très aimants »

Malgré cela, nous étions des parents très aimants. Et nos filles ne nous le rendaient bien par la démonstration de leur amour. Nous leur offrions tout ce que nous avions à commencer par notre temps. Mon ex-femme avait alors fait le choix de garder les enfants à la maison ou d’avoir une activité professionnelle réduite. Quant à moi, je m’étais positionné en temps partiel à plusieurs reprises et avait demandé à exercer mon activité partiellement en télétravail.

Malgré cette « carte postale familiale » parfaite, notre couple perdait pied. Jusqu’à – j’en suis convaincu – la conjugopathie, ce « trouble d’ordre psychologique, proche de la dépression, potentiellement sévère, qui est la conséquence de relations conjugales insatisfaisantes », comme l’indique le Larousse.

Depuis la naissance des enfants, nous faisions chambre à part. Ce manque d’amour et cette distance de mon ex-femme m’étaient insupportables. J’avais beau affirmer et crier mon désarroi, je ne me sentais ni écouté ni entendu. Nous avons bien entendu consulté des psychiatres, une thérapeute conjugale ou encore une sexologue, mais sans succès. Mon ex-femme restait convaincue que j’étais la source du problème, allant jusqu’à m’attribuer divers troubles psychologiques. 

Petit à petit, je me suis senti dépossédé de mon rôle de papa. Mon ex-femme ne me laissait plus de place. Elle m’empêchait de les aider à se préparer le matin, de les coucher le soir ou encore d’assister aux réunions scolaires. 

Jusqu’à la dispute de trop. 

« Elle appelle la gendarmerie »

Ce jour-là, mon ex-femme veut déplacer son bureau dans la chambre parentale, ce qui institue par la même mon installation définitive dans la pièce dans laquelle il se trouvait jusque-là, là où je pensais naïvement dormir momentanément. Dispute, éclats de voix. 

Elle appelle la gendarmerie qui intervient. Dans son procès-verbal de constatation, les gendarmes nous indiquent en souffrance. Pour eux, il est préférable qu’elle passe quelques jours chez ses parents. 

C’est à ce moment qu’elle m’annonce son souhait de divorcer, qu’elle ne souhaite pas de garde classique, qu’elle ne veut pas que je prenne les enfants pendant les vacances ni qu’elles dorment chez moi. Elle ne me concède que quelques visites en journée. 

Innocemment, je m’attendais donc à recevoir une requête classique de procédure de divorce, mais l’huissier de justice m’adressa une assignation en ordonnance de protection afin de me retirer l’autorité parentale. Ce fut atroce. J’étais effondré. 

C’est à ce moment-là que la machine judiciaire s’est abattue sur moi comme un rouleau compresseur.

« C’est à ce moment-là que la machine judiciaire s’est abattue sur moi »

Début avril. Je me rends au tribunal. Dans le hall, mon avocate me signale que la procureure de la République a émis un avis « favorable » concernant l’ordonnance de protection. En résumé, elle veut me retirer mon autorité parentale.

Consterné, je questionne mon avocate. La procureure a-t-elle réellement pris connaissance de notre mémoire en défense ? Mon avocate me répond qu’elle ne l’a pas lu. Dans la salle d’audience, elle le lui donne à nouveau pour qu’elle le parcoure rapidement. 

À la fin des différentes plaidoiries, la juge demande l’avis de la procureure de la République : « mitigé, défavorable ». Ouf, je respire. 

La juge suit son avis en déboutant mon ex-femme de sa demande. Je conserve l’autorité parentale.

En sortant du tribunal, je croise dans le hall l’avocat adverse qui m’indique que mon ex-femme souhaite de la progressivité dans ma demande de garde et de visite. Je lui réponds bien entendu par l’affirmative. 

La semaine suivante, par le biais de mon avocate, nous transmettons un planning sur 6 mois. Le refus de mon ex-femme est catégorique.

« Pendant plusieurs mois, il a fallu que je me batte pour voir mes enfants »

Pendant plusieurs mois, il a fallu que je me batte pour voir mes enfants. D’abord 4 heures par visite, puis 8 heures et finalement un week-end complet et quelques déjeuners en semaine. 

Je vivais chaque séparation avec mes filles comme une souffrance. Ce sentiment de « maison vide » à leur départ était un véritable déchirement.

Parallèlement, mon ex-femme entreprit de nouvelles démarches. Elle demanda l’ouverture d’une information préoccupante à mon encontre au Centre Départemental d’Action Sociale. Elle se rendit également à la cellule Violence Intra Familiale du CHU, qui finit par adresser un signalement au procureur de la République début juillet.

Depuis ce jour ma femme refuse tout contact entre moi et mes filles.

Dans ce signalement, j’apprends que ma femme m’accuse d’avoir étranglé une de mes filles, mais également que mes filles mentionnent que je me levais la nuit pour les « taper ».

Je ne sais pas ce qui a poussé mes filles à dire ou raconter cela. 

J’apprends également qu’une procédure pénale à mon encontre peut être signifiée par la procureure de la République et qu’à ce titre mes filles risquent d’être auditionnées par des gendarmes. En résumé, mes filles de 6 et 8 ans vont peut-être mettre leur père en prison. 

C’est dans ce climat que je débute l’été.

« Le verdict tombe et il est fait mal »

Deuxième phase judiciaire en août, avec l’ordonnance de non-conciliation.

Le verdict tombe et il fait mal. La juge ordonne une expertise psychiatrique de toute la famille. En attendant et à défaut de meilleur accord entre les parties, je ne dispose que d’un droit de visite en lieu médiatisé de 1h30 à 3h par quinzaine.

Le jugement précise cependant que l’autorité parentale est exercée conjointement par les deux parents. 

Malgré cela, mon ex-femme refuse de respecter les termes de jugement, m’empêchant de maintenir le contact avec mes filles. Pas de visite, pas de visio ni de téléphone. 

J’ai déposé plainte pour « soustraction parentale ». Mais elle n’a débouché sur rien. 

J’ai informé de la situation le juge des affaires familiales, la procureure de la République, la cellule VIF et le CDAS. À ce jour, je n’ai reçu aucune réponse. 

Alors qu’aucune mesure d’éloignement à mon encontre n’a été ordonnée, j’ai reçu un courriel du directeur de l’établissement scolaire indiquant qu’il ne souhaitait plus me voir aux abords de l’établissement. J’ai saisi l’inspection académique pour prise de position d’un responsable d’établissement, mais une nouvelle fois, je n’ai aucun retour.

Et puis il y a la pression sociale. Ces têtes qui se baissent et ces regards fuyants à mon passage. Ces connaissances qui prennent position et mettent fin à tout contact. 

« Je ne comprends pas les raisons d’un tel acharnement »

J’ai toujours été un père présent et aimant auprès de mes filles depuis leur naissance. Je suis terriblement désemparé face à cette situation et je ne comprends pas les raisons d’un tel acharnement de la part de mon ex-femme. 

Mes filles sont jeunes, très jeunes. Elles ont besoin de l’amour de leur mère comme de leur père.

Malgré tout cela, je continue de vivre, de me recréer un tissu social. Je ne remercierai jamais assez celles et ceux qui m’ont tendu la main et qui avancent à mes côtés dans cette terrible épreuve qui s’apparente à une véritable quête.

Mes proches souffrent autant que moi. Ils vivent et subissent les aléas de la justice à mes côtés. Mes rires, mes colères et mes pleurs.

Ils ou elles se reconnaîtront. Je les embrasse et les aime fort. Très fort tellement je leur dois tout, c’est une évidence.

Article posté le 23 décembre 2020 et mis à jour le 23 décembre 2020 dans Vos témoignages

Par Olivier

Papa d'une petite fille belle comme le jour, Olivier est aussi le fondateur de Je suis papa en 2011. Même si sa photo de profil ne le montre pas, sa paternité lui a fait perdre tous ses cheveux, mais pas le moral. C'est déjà ça ! Convaincu que les enfants sont l'avenir du monde, il milite pour faire entrer Peppa Pig à l'Elysée. Un poil lunatique, il retrouve en général le sourire autour d'un bon verre de vin. 


5 COMMENTAIRES

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  1. info-association.com
    le

    C’est une histoire triste. Mais combien de pères abandonnent leurs enfants avant même qu’ils voient le jour ? Je crois que la femme n’y a pas pensé. Son égoïsme est tout ce qui compte pour elle, et ce même avant le bonheur et le bien-être de ces filles. Du coup, est-ce qu’on peut la considérer comme une bonne mère ?

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  2. Gaspard
    le

    Le genre d’article ou l’on a un seul son de cloche… Mais on ne sait pas qui est cet homme dans l’intimité. Argumenter en faveur de l’aliénation parentale pour discréditer de sérieuses accusations mettant en danger la sécurité des enfants est commun et dangereux.

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  3. Lonewolf
    le

    Bonjour,

    Je suis de tout coeur avec vous, et avec tous mes semblables, puisque je fais partie aussi de cette population silencieuse et cachée des pères s’étant vu mis à distance de leurs enfants.

    Dans mon cas, c’est à la faveur du 1er confinement, vécu à grande distance de mes enfants (divorce « amiable » en cours depuis presque 2 ans), qu’un soudain et surprenant silence de leur part est apparu. Malgré des demandes et des rappels, rien n’y a fait. A croire qu’il n’y avait pas de parent gardien pour intervenir ; à moins que justement il soit intervenu dans ce sens… Bloqué à 600 km de là, impuissant, face à la mère qui ne réagit pas non plus. Un mécontentement, un coup de colère et ce fut la fin totale de tout contact. 6 lettres en 5 mois sont restées sans réponse, et je n’ai eu absolument aucun contact ni information de quelque nature depuis. Le vide absolu.

    M’étant résolu à demander le divorce (classique) juste après, et diverses dispositions en référés, chaque audience au JAF est devenu une sombre farce. Les juges n’écoutent rien de ce que peut avoir déclaré mon avocat (ou moi). C’est un aveuglement hallucinant ! La volonté de vengeance est pourtant manifeste, mais les juges ne voient rien ; ou plutôt rien que « la mère seule avec enfants ». Ils ne vérifie absolument rien du bien-fondé des affirmations de la mère et prennent tout « argent comptant ». J’y ai perdu le droit de visite, le droit de garde, et finalement l’autorité parentale. Une disproportion absolument dingue entre la situation telle que quelques faits la décrivent et l’idée que les juges défendent. Il faut voir ce que ces juges sont capables d’écrire dans leurs ordonnances…

    J’étais connu pour être un père très investi, protecteur, un papa-poule (dixit la mère), et le lien m’unissant à mes enfants était très fort, tout à fait réciproque. Alors ? Qui, pourquoi, comment ? Je ne saurais jamais. Je ne veux pas tenter d’aller plus loin ; d’une part je ne veux pas être « celui qui combat contre la mère », d’autre part je sais que l’époque veut que ce soit perdu d’avance. Gagner quoi que ce soit ne ferait que donner d’autres arguments à la mère pour me faire détester des enfants.

    Ca fait plus de deux ans, et je ne les ai jamais revu. Maintenant, je sais que je ne le peux plus. Je suis détruit. Il ne me reste plus que des chèques à faire, c’est tout ce qui reste de mon statut de père, et mon action à ce titre se résume à ça.

    J’ai cette histoire en tête, avec l’idée que si les sexes des parents étaient inverses, cela aurait pu faire quelques lignes dans les journaux. Il ne fait pas bon être l’homme en ce moment.

    J’ai découvert cet univers des hommes abusés, de la justice familiale française face à nos voisins européens, et même de l’existence (non négligeable) des hommes subissant des violences conjugales ; il eut été préférable que notre société ne tourne pas le dos à ces réalités.

    En attendant, mon fils et ma fille ne sont plus miens. Et pourtant, ils sont supposés manquer de père.

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  4. olivier
    le

    Que dire face à une situation que tant de papas vivent malheureusement avec la complicité désobligeante des JAF et des procureurs.
    Il n’y a que les avocats pour faire croire que les faits permettront aux papas de rétablir la vérité.
    Les dossiers, avec pourtant toutes les preuves de dénonciations calomnieuses, de mensonges plus gros les uns que les autres , ne sont absolument pas lus.
    Les audiences sont d’une brutalité absolue où l’avocat de ses mères, qui ont décidé d’éliminer le père et le transformer en simple portefeuille, parle sans aucune preuve du père comme un criminel.
    Les accusations de violence psychologiques, physiques, harcèlements, violences sur les enfants sont devenues la Norme quand la mère ne souhaite pas que le père puisse voir ses enfants.
    S’en suit l’ordonnance de protection qui va devenir la norme. Il existe sur internet des vidéos expliquant comment l’obtenir facilement. Pour cela, il suffit de remplir toutes les cases (médecin, arrêt de travail, psychologue, hypnothérapeute, assistante sociale, mains courantes, dépôts de plainte et bien sur le summum la dénonciation calomnieuse de violences physiques). Pas besoin d’apporter la moindre preuve, il faut simplement un peu d’organisation.
    C’est tout simplement un scandale qui est totalement passé sous silence.
    Des papas perdent complétement pied face à cette injustice. Personne peut comprendre cette souffrance sans l’avoir vécu.
    Le plus dur, c’est qu’il n’y a pratiquement rien à faire.

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  5. Charni
    le

    Quelque soit leur différents et les raisons de la séparation, les enfants ont besoin de leur 2 parents, il me semble qu’un père qui prend le temps de nous partager son histoire, qui se bat pour avoir le droit de partager des moments de vie à avec ses filles est loin d’être le pire des pères, je pense.
    C’est le plus beau des combats, cinq ans sans mes filles et aujourd’hui je les ai récupérés 1 semaine sur deux.
    Il faut s’accrocher et ne rien lâcher, un jour viendra ou une personne bienveillante equilibrera les choses pour le bien-être des enfants !

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