Est-ce possible de préférer l’un de ses enfants ?

C’est une question que la plupart des parents se posent à un moment donné : est-ce que je préfère un de mes enfants ? La question se profile parfois insidieusement suite à la remarque brutale d’un enfant jaloux. Quelle réponse feriez-vous à cette question ?

Sentiment généralement inconscient, difficile à avouer, la préférence parentale existe bel et bien. Ce sujet tabou au sein des fratries donne au premier abord une image négative des relations familiales. Mais préférer l’un de ses enfants est quelque chose de normal.

Pourquoi préfère-t-on l’un de ses enfants ?

Au-delà de se demander si vous préférez un de vos enfants, il est surtout nécessaire de savoir pourquoi vous avez le sentiment d’avoir une relation privilégiée avec l’un d’eux.

1 | Préférer un enfant ne signifie pas l’aimer plus

Deux êtres apprécient de passer du temps ensemble parce qu’ils ont les mêmes centres d’intérêt ou des caractères qui les rapprochent. Dans une relation parent-enfant, les choses ne sont pas différentes. Un père qui adore le foot peut préférer passer plus de temps avec son fils autour de cette activité qui les réunit, alors que l’aîné préfère le VTT.

C’est sur des atomes crochus que se nouent les relations privilégiées avec un de vos enfants. Mais l’amour que vous portez à chacun est le même. Au-delà d’un enfant en particulier, c’est surtout la relation que vous entretenez avec lui qui est plus facile et que vous préférez.

2 | Chaque enfant nécessite une attention différente

Les enfants d’une même fratrie ont beau avoir les mêmes parents et être éduqués de la même manière, ils sont différents. Alors, pourquoi ne pas les accompagner différemment ?

Chacun, selon sa personnalité et son âge, a des besoins distincts. Il est donc nécessaire qu’on lui porte une attention particulière.

Ce n’est pas préférer le petit dernier de 18 mois que de passer 1 h le soir à l’endormir, alors que la grande sœur de 5 ans n’a jamais eu de problèmes pour trouver le sommeil. Ce n’est pas aimer moins un enfant un peu étourdi que de lui répéter 10 fois la même chose, alors que son frère n’a aucun mal à respecter la consigne dès la première demande.

Le tout est de remplir le réservoir affectif de chacun au mieux en s’adaptant à leurs besoins individuels, et en les aimant donc différemment, mais pas plus ou moins.

3 | Les relations parents-enfants évoluent au fil du temps

Les relations humaines ne sont pas linéaires. Il en est de même pour les relations parents-enfants. Elles évoluent au fil du temps. L’enfant renvoie souvent à l’enfant qu’on était soi-même, ou aux projections qu’on avait pour soi étant jeune. Ces sentiments jouent inconsciemment sur le lien avec nos progénitures.

Mais cette relation n’est pas figée. En fonction des besoins de chacun et de l’avancée dans la vie, elle évolue. Préférer un enfant alors qu’il est petit, ne signifie pas qu’il en sera de même à l’adolescence ou à l’âge adulte. À chaque étape de son développement, vous nouerez probablement une relation privilégiée avec l’un de vos enfants.

Comment la préférence parentale peut-elle être bénéfique ?

La préférence parentale ne doit pas être perçue comme quelque chose de systématiquement négatif. Au contraire, elle peut être un atout.

1 | Faire des différences au sein d’une fratrie permet de valoriser chaque enfant

« Faire une différence structure les enfants et les incite à renforcer leur individualité », c’est ce qu’explique Catherine Sellenet, psychologue et sociologue. Malgré un socle éducatif commun, la manière d’aborder les choses avec chaque enfant au sein d’une fratrie est forcément différente selon les caractères de chacun. C’est une question d’adaptation et non de niveau d’amour.

Vouloir se comporter systématiquement avec tous les enfants de manière égale ne permet pas de m’être en avant leur unicité. Ce serait alors les considérer comme des êtres semblables. Si elles sont abordées de manière bienveillante, les différences de traitement au sein d’une fratrie permettent, au contraire, de relever la singularité et les compétences, pour que chaque enfant se sente spécial aux yeux de ses parents.

2 | Il est nécessaire d’intégrer sa préférence pour qu’elle ne devienne pas un fardeau

La préférence pour un enfant peut vite devenir un fardeau pour tous. Que ce soit l’enfant dit « chouchou » qui porte une pression sur ses épaules, l’enfant jaloux qui se sent rejeté, ou le parent qui éprouve de la culpabilité, personne ne vit bien cette situation.

L’idée est vraiment d’intégrer ce phénomène comme quelque chose de naturel. Pour qu’il ne se transforme pas aux yeux de tous comme une différence d’amour. Pour couper court aux jalousies infondées, il faut surtout expliquer à chaque enfant pourquoi on fait telle ou telle chose avec un enfant et pas avec l’autre. Et que cela ne change rien à l’amour porté à chacun d’eux. Cette démarche essentielle rassure l’ensemble de la fratrie. La différence de traitement ne crée ainsi pas ce sentiment d’insécurité qui engendre les tensions familiales.

Et vous ? Avez-vous le sentiment de préférer un enfant ?