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Marlène Schiappa dit non à l’allongement du congé paternité

Par Olivier - Mis à jour le 2 février 2024
Image de l'interview texto de Marlène Schiappa qui balaye d'un revers de main l'allongement du congé paternité, enterrant une éventuelle égalité entre femmes et hommes sur cette question.

EDIT DU 24/09/2020 : Emmanuel Macron a annoncé le 23/09/2020 l’allongement du congé paternité à 28 jours dont 7 jours obligatoires.

Sommaire

Cette interview de Marlène Schiappa est passée complètement inaperçue. Pas un commentateur politique, pas un journaliste société n’a rebondi sur ces quelques mots pourtant lourds de sens. Publié sur Facebook par le magazine Néon, l’échange par sms est probablement passé sous les radars en raison de sa forme. N’empêche.

Pour être honnête, je ne connais pas bien Marlène Schiappa. Nous ne nous sommes rencontrés qu’une fois. C’était en janvier 2016 à l’occasion d’un déjeuner avec Laurence Rossignol, ancienne ministre de l’Enfance, des Familles et des Droits des femmes. J’avais alors pu pressentir nos divergences d’opinion sur les moyens de parvenir à davantage d’égalité entre hommes et femmes. Néanmoins, j’étais heureux, en mai dernier, de découvrir qu’une jeune femme – intelligente, cultivée et en phase avec son époque – allait porter une question de société aussi essentielle que casse-gueule.

Marlène Schiappa et le congé paternité : l’interview texto

Quelle ne fut pas ma déception de lire cette interview texto, constatant qu’en quelques 35 mots, la secrétaire d’Etat venait de passer au mixer toute vision inspirante, porteuse d’un avenir apaisé entre hommes et femmes. L’interview, là-voilà : en cliquant juste ici.

C’est la réponse navrante de Marlène Schiappa à la question de la journaliste sur l’allongement du congé paternité, qui m’a laissé sans voix : « les hommes n’accouchent pas, je crois… ».

Les hommes n’accouchent pas. Non. Les hommes n’accouchent pas. Il n’y a donc aucune raison qu’ils prennent part, avec leurs femmes, à l’accueil de ces bébés à qui ils ont donné vie ensemble. Il n’y a aucune raison qu’ils consacrent du temps à leur famille puisqu’ils n’ont pas passé plusieurs heures à pousser, les pieds dans les étriers. De là à imaginer que la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes considère que la place des femmes est à la maison avec bébé et celle des hommes au travail, il n’y a qu’un pas (que, pour ma part, je ne franchirai pas).

J’ai retourné cette phrase dans mon cerveau pendant plusieurs jours avant d’écrire cet article. Il y a forcément un truc que je ne devais pas comprendre. La punchline de la secrétaire d’Etat était probablement trop fine pour que j’en saisisse toute la portée.

A bien y réfléchir, elle m’a rappelé une autre saillie verbale. Signée Valérie Pécresse cette fois. En 2013, l’ancienne ministre avait maladroitement laissé entendre que les hommes avaient mieux à faire que de changer les couches de leurs bébés. On pourrait aujourd’hui ajouter : « … d’autant qu’ils n’accouchent pas, eux ! » Un petit pas pour Marlène Schiappa, un grand pas pour l’égalité hommes/femmes.

Vous allez me dire que mon analyse est aussi partielle que partiale et vous avez raison. Car Marlène Schiappa justifie ses propos. Elle argumente et étaye son point de vue : « nous avons interrogé beaucoup de pères pendant la campagne présidentielle et les demandes ne sont pas uniformes. Des pères veulent un allongement et d’autres pas du tout ». D’accord.

Puisque quelques hommes ne veulent pas d’un congé paternité plus long, pas la peine de se poser de question. Pas la peine de porter une vision de société nouvelle, moderne et nécessaire. La politique, c’est simple comme du porte à porte. On passe deux heures au Mans pour rencontrer quelques voisins, on leur demande leur avis et on se forge une vision pour construire l’avenir d’un pays. Merci Marlène Schiappa pour cette leçon de sciences politiques.

En une interview, Marlène Schiappa a réduit à néant les espoirs d’une bonne partie de l’opinion, femmes et hommes réunis. Elle a montré qu’elle ne compte pas s’appuyer sur les hommes pour faire avancer la question de l’égalité. Elle a aussi prouvé que si elle sait porter pleinement les combats d’une partie des femmes de notre pays, elle n’est définitivement pas la secrétaire d’Etat de toutes celles et tous ceux qu’elle est pourtant censée représenter.

Force est de constater que nous ne partageons pas la même vision de l’égalité hommes/femmes. Avec ces quelques mots, Marlène Schiappa se pose définitivement en porte drapeau d’un féminisme qui place le combat pour l’égalité dans une lutte des femmes contre les hommes. Je considère au contraire que la question de l’égalité n’avance que lorsque les femmes et les hommes se lient intimement pour la défendre. Dans leurs chairs. Contre vents et marées.

D’un côté la lutte. De l’autre l’écoute et le respect mutuel.

Merci Madame la secrétaire d’Etat.

[EDIT du 27/07/2017] Vous êtes très nombreux/ses à réagir à cet article. Et je suis heureux de constater que les femmes sont les premières à défendre l’allongement du congé paternité. Pour donner plus d’écho à cette demande, n’hésitez pas à partager cet article ou le post Facebook ci-dessous avec vos proches !

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