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Homoparentalité : pendant qu’on en parle, d’autres la vivent

Par Olivier - Mis à jour le 2 février 2024
Un couple de femmes est assis sur un canapé avec leurs enfants adoptés et sont très fiers de leur homoparentalité

Homoparentalité : si la question  fait toujours débat en France, dans tout le pays, des hommes et des femmes ont choisi de franchir les frontières pour donner vie à leur rêve de fonder une famille.

Sommaire

En couple depuis plusieurs années, Aline et Stéphanie vivaient avec ce désir ancrées en elles. Elles sont aujourd’hui mamans de deux magnifiques jumelles. Aline évoque ici leurs démarches, leurs questionnements, leurs craintes, et leurs joies.

Homoparentalité, rencontre avec deux mamans

La décision d’avoir un enfant était-elle naturelle pour vous ? Quelles questions vous êtes-vous posées ?

Notre décision a été très naturelle. D’abord, chacune de notre côté, avant de nous rencontrer, et encore plus après.

Les questions ont été nombreuses, la première étant : comment on s’y prend ? Demander à un ami ? Opter pour la coparentalité ? Faire appel à un site proposant des dons de sperme ? Partir à l’étranger ? Et comment nos enfants vivront-ils la situation ?

On a posé beaucoup de questions à nos amis sur l’homoparentalité, et on a cherché à recueillir des témoignages d’enfants d’homos, qui nous semblaient plus pertinents que des avis de psys.

Quel parcours avez-vous suivi ? A quelles difficultés avez-vous été confrontées ?

Stéphanie est la maman biologique des filles. Au début, il était convenu que je porte nos premiers enfants. Lors de ma première consultation avec mon gyneco, je l’ai informé de mon homosexualité, car je ne prends pas de moyen de contraception. Rapidement, il m’a assuré qu’il saurait m’indiquer des cliniques espagnoles et me prescrire tout ce dont j’aurai besoin pour les différentes analyses et les stimulations ovariennes. Il peut méchamment se faire taper sur les doigts, mais il reste heureusement des gynecos qui passent outre les menaces de l’ordre des médecins.

« Il reste heureusement des gynecos qui passent outre les menaces de l’ordre des médecins. »

Quand nous en avons éprouvé le besoin, il nous a aidées. J’ai donc fait 2 tentatives d’insémination, mais elles n’ont pas abouties. Plus âgée que moi, Stéphanie m’a alors demandé de prendre le relais par crainte d’être trop vieille par la suite. Elle est tombée enceinte de nos jumelles dès le premier essai.

En Espagne comme en Belgique, les couples de femmes qui viennent faire des enfants sont monnaie courante. Tout le long du parcours j’ai donc vraiment été associée comme la deuxième future maman.

Jamais nous n’avons été jugé. On s’est adressé à nous comme à tout couple qui a besoin d’un coup de pouce pour procréer. À la maternité aussi, ça a été super. Nous n’avons eu affaire qu’à des gens bienveillants.

Au sens du droit, vous n’êtes pas tous les deux parents puisque l’homoparentalité n’est pas légalement reconnue. Comment vivez-vous cette situation ?

En effet, aux yeux de la loi, je ne suis que la compagne de la mère de mes enfants. Nous sommes pacsées mais cela ne m’ouvre aucun droit. Je ne pourrai pas les inscrire à l’école, ni les faire soigner à l’hôpital en cas d’accident si Stéphanie n’est pas là.

« Je ne vis pas bien du tout cette situation : et s’il nous arrivait quoi que ce soit ? »

Je ne vis pas bien du tout cette situation : et s’il nous arrivait quoi que ce soit ? C’est une réelle épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Sans compter qu’en cas de décès de Steph, mes filles seraient placées chez ses parents à elle. Je perdrais donc toute ma famille d’un coup, et nos filles leurs deux parents.

Ces questions ont pesé lourd dans notre décision de nous marier l’été prochain. Je pourrai alors entamer une procédure d’adoption et mettre un terme à cette situation de maman précaire.

Néanmoins, vous sentez vous comme n’importe quelle famille ?

homoparentalité, témoignage de deux mamans

Oh oui, vraiment ! Nous rencontrons les mêmes problématiques de nuits trop courtes, de modes de garde, de « c’est moi qui me lève plus souvent que toi alors que tu dors », et nous portons autant d’amour que n’importe quels autres parents.

Nos filles ont été tellement désirées et attendues qu’on ne peut pas faire autrement !

Comment votre entourage réagit-il ?

Toute la famille de Steph est à fond avec nous depuis le début. Ils ont mis de côté son homosexualité très rapidement pour se concentrer sur le fait qu’elle aussi est en train de fonder une famille, et que c’est drôlement chouette.

De mon côté c’est plus compliqué. Mes parents ont eu beaucoup de mal avec ma sexualité pendant très longtemps. Et le débat sur le mariage pour tous et les manifestations qui ont suivies n’ont fait que remettre de l’huile sur le feu. L’annonce de la grossesse de Steph n’a d’ailleurs rien arrangé. Une de mes sœurs est contente pour nous. Mais, pour mon autre sœur et mes parents, c’est plus compliqué.

« Le débat sur le mariage pour tous et les manifestations qui ont suivies n’ont fait que remettre de l’huile sur le feu. »

Le week-end dernier, nous avons participé à une grande réunion de famille. Et je crois que le fait que mes parents voient les bébés « en vrai » a modifié leur perception. Mon père adore les enfants et ma mère avait l’air heureuse de pouponner également. Donc ça évolue, lentement mais sûrement.

Comment raconterez-vous à vos enfants l’histoire de leur conception et la construction de leur famille ?

D’après les témoignages que j’ai pu lire, les enfants dont les parents assument vraiment leur homosexualité s’en sortent le mieux, à condition de leur expliquer leur histoire.

Nous assumons pleinement notre couple et nous raconterons à nos enfants que 2 mamans ne peuvent pas faire de bébés ensemble, alors on est allée chercher une petite graine de monsieur. Ou quelque chose comme ça.

« On est allée chercher une petite graine de monsieur »

J’ai déjà commencé d’ailleurs, dans leurs premiers jours de vie. Je suis convaincue que plus elles auront l’habitude de l’entendre, plus elles se sentiront à l’aise avec ça.

Dans un contexte de radicalisation du débat sur les droits des homosexuels et l’homoparentalité en France , que craignez-vous pour vous ? Pour vos enfants ?

Au moment des débats et manifestations, j’ai réellement eu peur de la mauvaise rencontre dans la rue. Des amis se sont d’ailleurs fait frapper et on ne peut s’empêcher de se projeter.

Pour nos enfants, je crains les soucis à l’école, mais je mise sur notre intégration chez les parents d’élèves pour lever la curiosité et la peur. Je ne sais pas si ça suffira. Nous nous adapterons.

Pour vous, être parents, c’est avant tout…

C’est tout d’abord donner de l’amour à nos filles et s’assurer qu’elles sont heureuses. C’est très bateau mais nous sommes des parents (presque) comme les autres !

 

Edit du 14/01/2016 : Aline et Stéphanie sont désormais bien mariées et Aline a enfin pu adopter ses deux filles. Elle est donc officiellement leur deuxième maman depuis le 12 octobre dernier !

Merci de vos commentaires respectueux de l’avis de chacun.

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