Ce bébé que je ne désirais pas

témoignage d'une maman qui ne voulait pas d'enfant

Céline a fait ce bébé par amour, pas par choix. Parce qu’elle ne voulait pas d’enfant. Elle raconte son parcours, ses difficultés et son amour pour son P’tit mec.

Un enfant sans envie : le témoignage de Céline

Je suis maman aujourd’hui. Pourtant, j’étais une femme qui n’a jamais eu un désir d’enfant. Je ne l’ai jamais ressenti. Je n’ai jamais eu envie de cette vie de maman qui ne me semblait pas faite pour moi qui aie un grand besoin de liberté et de solitude. Et je ne souhaitais pas donner naissance à un enfant dans ce monde, sur cette terre qui part en vrille.

C’est Monsieur qui avait un désir d’enfant

J’avais 32 ans lorsque nous nous sommes rencontrés. Après notre mariage, la question est devenue de plus en plus récurrente, insistante : « alors c’est pour quand le bébé ? » Puis elle s’est transformée : « bon va falloir vous y mettre ». Cette pression sociale m’oppressait.

Mon mari m’a rapidement fait part de son souhait de fonder une famille, m’indiquant néanmoins que si je ne le voulais vraiment pas, il resterait mon mari et respecterait mon choix. Alors par amour pour lui et par peur de regretter mon choix, j’ai fini par accepter.  À 35 ans, un ovaire en moins, un utérus rétroversé et certainement une endométriose, le gynécologue m’annonce : « madame, pour concevoir, il faudra vous faire aider ». Le voyage de noces, ça compte ? Car enceinte au 1er essai !

« Pour moi, le monde s’est effondré »

Si Monsieur a évidemment explosé de joie, pour moi, le monde s’est effondré. Je ne me sentais pas prête, je préférais croire que mes nausées venaient de l’abus de nourriture et de noix de coco fraîches arrosées de rhum mauricien. La nausée après 1 semaine c’est fort ! Géniale, la deuxième semaine à l’île Maurice ! Gâchée par ces nausées.

Ma grossesse fut très désagréable : nombreuses nausées, placenta trop bas, j’ai dû rester allongée ou en tout cas me reposer. Je me sentais énorme, j’avais pris 25kg. À vrai dire, j’ai détesté être enceinte. Ça a été dur de ne pas pouvoir vivre normalement et deux ans et demi après, je n’accepte toujours pas mon nouveau corps. Je suis passée de la taille 36 à la taille 40.

J’ai pourtant fait tout ce qu’il fallait pour ce petit être : manger sainement, bannir les produits chimiques…  Et quelle vive émotion d’entendre le cœur du bébé pour la première fois, surtout pour le papa !

« La grossesse nous a entrainés au fond du trou »

Côté couple, la grossesse nous a entrainés au fond du trou. J’imaginais le futur papa aux anges, caressant ce ventre grandissant, mais non. Monsieur ne m’approchait pas, ne touchait pas mon ventre, ne changeait rien à sa vie, n’écoutait pas lorsque je lui parlais du bébé et de mes convictions. Bref, je me retrouvais seule dans le bateau !

Ça le gênait, lui faisait bizarre, je n’ai jamais réellement eu de réponse à vrai dire, et je pense que lui-même ne savait pas l’expliquer. Heureusement, ma maman était là, très présente. Elle m’apportait son aide, me massait les jambes, courait m’acheter des lasagnes quand j’en avais une envie subite.

Quant à ce petit être qui me donnait des brûlures d’estomac, je l’aimais déjà. Je savais que je ferais tout pour devenir une bonne mère, même s’il fallait me priver de coca pendant des mois. Comme quoi tout pouvait arriver.

Faire comprendre à mon entourage que j’allais aimer cet enfant et en prendre le plus grand soin sans l’avoir désiré a été difficile. Mes propos étaient jugés durs, même s’ils reflétaient pour moi la réalité.  On me disait souvent : « tu es heureuse quand même, tu vas être maman ». Mais non, je n’étais pas heureuse, même si ça choquait.  

Je n’entretenais aucune inquiétude, j’étais détendue, pas du tout angoissée. Je savais que j’aimerais ce bébé, mais il ne fallait pas me demander d’être une femme enceinte super épanouie. Je ressentais mon corps comme une prison, j’avais envie de vomir 24h/24, c’était horrible.

« J’ai rencontré l’amour de ma vie dans la douleur »

L’accouchement : je le voulais naturel sans aide médicale, accroupie. On m’a permis de souffrir 10 heures, mais pas d’accoucher dans une position plus naturelle. J’ai donc été forcée d’accoucher allongée et on ne m’a rien demandé pour me mettre 1, 2, puis 3 coups de ciseaux. Oui l’épisiotomie sans péridurale, c’est pire que les contractions, je vous le dis ! La sage-femme était pressée. Elle m’a rapidement fait mes 17 points de suture et j’ai pu pleurer toutes les larmes que je retenais une fois seule, une fois mon Koh Lanta fini.

J’ai rencontré l’amour de ma vie dans la douleur.

De retour à la maison, je pensais que Monsieur prendrait sa place de père. Il donnait le bain comme s’il avait fait ça toute sa vie. Mais j’ai vite pris conscience qu’il ne serait pas le coparent dont j’avais rêvé, mais un assistant… Pourtant c’est lui qui voulait un enfant.

« Pourtant c’est lui qui voulait un enfant »

On se disputait souvent parce qu’après tout, j’ai décidé d’être mère pour lui, une maman poule, une maman louve. J’étais épuisée, je n’avais quasiment plus de lait et pourtant je faisais tout pour en avoir, encore une frustration.

Sans parler des autres pressions sociales : « ah tu allaites ? C’est contraignant », « n’importe quoi cette écharpe de portage. Il va devenir dépendant de toi et va te réclamer les bras », « cododo ? Mais non mets-le dans sa chambre » …

L’égalité entre hommes et femmes, ça me fait rire. Je ne pense pas que mon mari soit en surcharge mentale. Lui n’a pas sacrifié sa carrière, c’est moi qui suis intérimaire, gagne 700 euros de moins qu’avant, mais débarque tous les soirs à la maison à 17h pour faire des gommettes avec P’tit mec. Et ça, pour moi, ça n’a pas de prix.

« Ma plus belle réussite c’est mon P’tit mec »

N’allez pas croire que mon mari est un mufle. Je pense qu’il s’est senti dépassé comme beaucoup peuvent l’être. Accueillir un enfant ne se passe pas toujours comme on l’imagine, c’est dur, ça te pompe ton énergie et ça épuise tes ressources psychiques. Et puis c’est un papa débutant. Il n’a jamais eu à s’occuper d’un bébé, alors que moi si.

Aujourd’hui, il se lève le week-end pour que je puisse me reposer, fait rire P’tit mec comme personne (je suis un peu jalouse pour ça), donne le bain, change les couches. Il m’accompagne. Il prend sa place, petit à petit. Je pense que ça sera de plus en plus facile, P’tit mec grandissant. Et notre couple retrouve de l’harmonie.

Je suis une maman. J’étais maternelle avant de l’être. C’est très naturel pour moi je n’ai jamais eu d’angoisses, je suis très à l’aise. J’étais une femme qui ne voulait pas d’enfant, mais ma plus belle réussite c’est mon P’tit mec. Je l’aime tellement.

Ma vie d’avant me manque parfois. Lorsque je ressens le besoin de me retrouver seule, ce n’est plus possible. Un deuxième enfant, c’est exclu, je n’en ai pas la force. Mais un regard de mon fils, un câlin, un sourire et j’oublie tout, je suis inondée d’amour. C’est pour ça que je ne regrette pas mon choix. Je l’aime plus que tout et j’adore passer du temps avec lui.  

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Article posté le 2 avril 2020 et mis à jour le 2 avril 2020 dans Vos témoignages

Par Olivier

Papa d'une petite fille belle comme le jour, Olivier est aussi le fondateur de Je suis papa en 2011. Même si sa photo de profil ne le montre pas, sa paternité lui a fait perdre tous ses cheveux, mais pas le moral. C'est déjà ça ! Convaincu que les enfants sont l'avenir du monde, il milite pour faire entrer Peppa Pig à l'Elysée. Un poil lunatique, il retrouve en général le sourire autour d'un bon verre de vin. 


4 COMMENTAIRES

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  1. contacter-medecin-de-garde.org
    le

    Quel témoignage touchant ! J’ai toujours cru que nous avons un instinct maternel et paternel en nous. Il faut juste le secouer un peu pour qu’on puisse vivre la maternité et la paternité avec épanouissement. Merci pour le partage.

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  2. ahah
    le

    il fait rien d’exceptionnel. Il l’ a voulu et l’assume ! normal ! par contre je ne sais pas si j aurais accepter de faire un enfant pour faire plaisir.

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